How We Disappeared (Ces femmes qui ont disparu) de Jing-Jing Lee
- Serge Perrin Merinos
- 3 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 mars
"How We Disappeared" de Jing-Jing Lee est un roman profondément émouvant et percutant que j'ai trouvé à la fois captivant et déchirant. Il entrelace magistralement deux chronologies pour raconter une histoire de survie, de traumatisme et du pouvoir durable du passé. Je dois admettre que j'ignorais, de manière choquante, que la question des « femmes de réconfort » s'étendait à Singapour. J'avais, peut-être naïvement, pensé qu'il s'agissait d'une tragédie limitée à l’Asie du Nord-Est, ce qui rend ce roman d'autant plus important et révélateur.
Le cœur du récit appartient à Wang Di, une jeune femme dont la vie est irrévocablement brisée lorsqu'elle est réduite à l'esclavage sexuel en tant que « femme de réconfort » pendant l'occupation japonaise de Singapour en 1942. Lee n'hésite pas à dépeindre les dures réalités de son expérience, mais l'accent reste mis sur la résilience de Wang Di, ses mécanismes d'adaptation et les effets durables du traumatisme qu'elle subit. La représentation de la honte et de l'ostracisme auxquels elle est confrontée à son retour chez elle est particulièrement poignante, soulignant les pressions sociétales qui ont réduit au silence tant de victimes de ces atrocités. Le fait qu'elle n'ait même pas pu se confier à son mari en dit long sur le fardeau du traumatisme non-dit.
L'histoire de Wang Di est entrecoupée du récit de Kevin, un garçon de douze ans vivant à Singapour en l'an 2000. Plein de chagrin suite à la perte de sa grand-mère, Kevin tombe sur un message énigmatique qui fait allusion à un secret de famille longtemps gardé et lié à la guerre. Sa quête de la vérité, motivée par le désir de comprendre l'histoire de sa propre famille et de protéger son père, offre une perspective contrastée d'espoir et de guérison. Bien que certains puissent trouver que les chapitres de Kevin interrompent parfois le flux puissant du récit de Wang Di, je crois qu'ils servent un objectif important: relier le passé au présent et démontrer comment les événements historiques continuent de façonner les vies et les familles à travers les générations. Ils offrent également un répit nécessaire face au poids émotionnel intense de l'histoire de Wang Di.
L'écriture de Lee est empathique et sensible, transmettant l'impact profond du traumatisme sans recourir à des descriptions gratuites de violence. Elle met en lumière un chapitre moins connu de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, donnant une voix aux expériences souvent réduites au silence des « femmes de réconfort ». Ce roman a été une véritable révélation pour moi, exposant un aspect horrible de l’occupation japonaise de Singapour dont j'étais malheureusement ignorant. Bien que certains lecteurs puissent trouver le rythme inégal ou la prose peu lyrique, la résonance émotionnelle et la signification historique du roman compensent largement.
D’après moi, l'histoire de Wang Di est la véritable force du livre, et je crois qu'il aurait été tout aussi puissant, voire plus, s'il en avait été le seul sujet. Cependant, le lien forgé entre elle et Kevin offre finalement un sentiment de clôture et la possibilité d'une guérison. C’est un (premier) roman puissant que je recommande vivement. C'est une exploration informative, bien écrite et sincère de la famille, de la résilience et de l'importance de se souvenir du passé pour éviter sa répétition. C'est une histoire qui doit être racontée et entendue.

L'écrivaine
Jing-Jing Lee est une auteure singapourienne avec une écriture poignante et évocatrice, explorant les thèmes de la mémoire, de la perte et des histoires cachées de Singapour. Elle réside actuellement à Amsterdam.
How We Disappeared (Ces femmes qui ont disparu), de Jing-Jing Lee a été publié par Hanover Square Press en 2020 en Anglais, l’une des quatre langues officielles de Singapour avec le malais, le chinois mandarin et le tamoul. Ce livre à notre connaissance est encore dans l’attente d’une publication en français, que nous appelons de nos vœux.










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