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Autant En Emporte Scarlett

  • Fabienne Trunyo
  • 27 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 mars

Nom de beauté, Scarlett.

Ligne de vie, pourvoyeuse de rêves.

Patronyme, Fang. Prénom d’enfance, Fei. 

Fang Fei*. Le Fei de humble, modeste ? Ou le Fei de parfumé et joli, lorsque l’on parle d’une fleur ?

Fang Fei, tu es les deux. Une jolie fleur, humble et parfumée.

Un mannequin chinois, jeune et féminin.


Souvent, j’ai croisé dans les rues chics de Shanghai ou dans les restaurants huppés de la ville, nombre de ces jeunes filles, dont la profession est de promouvoir le style, la mode et la cosmétique chinoise. 


Souvent, mon œil glissa sur ces visages parfaits sans être accroché par ce que le regard laissait entrevoir de l’âme de ces créatures à la plastique alléchante. Seule toi, Fang Fei, juste toi Scarlett a su retenir mon attention et mon intérêt.


Séduite … j’ai été séduite. 


Au Faces, ce bar à la mode du parc de l’Hôtel Rui Jin, où aimèrent et aiment encore séjourner les grands de ce monde, nous nous sommes rencontrées. Tu accompagnais ton amoureux, français expatrié à Shanghai. J’étais là, avec un ami chinois. Tu commandas un cidre chaud aux épices, je buvais un thé à l’osmanthe. Je t’ai regardée et ton visage s’est paré d’un éclat merveilleux, un sourire si généreux qu’il me parut être une pivoine aux pétales déployés. J’y répondis par un sourire large et spontané et l’entente fut scellée.

Une jeune femme chinoise au sourire éclatant et aux cheveux longs

Ta beauté avait pour meilleur allié un naturel ébouriffant. La profondeur de ton regard était éclairée par une sympathie débordante, et la douceur de tes gestes armée d’un tempérament bien assis. Grande tige souple, tu portais un caraco de soie rouge et un jean moulant délavé. Tes pieds soignés, étaient chaussés de sandales de cuir noir, à la simplicité spartiate. Tu en laissas tomber une pour attraper ton genou et replier ta longue jambe sur le fauteuil de velours.


L’ovale parfait de ton visage, l’opaline de ta peau fine, libre de tout ornement, l’encre de tes yeux amandes et le rose léger de tes lèvres pleines étaient encensés par la corolle chatoyante de tes cheveux brun foncé. Ton port de reine, tes épaules de naïade tiraient le regard vers la poitrine menue qu’enveloppait la soie du caraco. Entre bustier et pantalon, une bande de chair et là, autour du trou de ton nombril, comme une douceur, les prémices du petit coussin qui viendra avec l’âge ou les enfants et fera de toi un fruit mûr. Diane chasseresse aux hanches étroites, tes fesses hautes et rondes mettaient un terme de rêve aux lianes souples de tes jambes. 


Et tu portais tous ces atouts avec simplicité, humilité et chaleur. Qualités humaines et plastique parfaite se fondaient en un charme ravageur.


Tu étais fière de ton French Lover et le naturel déconcertant avec lequel tu parlais de ses érections n’avait rien à voir avec de l’impudeur. Les plaisirs d’une sexualité que tu vivais pleinement contrastaient avec la gêne et le dégoût qu’affichent certaines chinoises pour les affaires de chair. La pudibonderie est hélas universelle. Mais oserais-je dire que la sensualité dans les transports amoureux est néanmoins plus profonde en Asie ? Quoi qu’il en soit, Fang Fei, ton bonheur d’aimer et de vivre était intimement lié à la séduction de Scarlett !

Des verres sur le comptoir du bar, ambiance sombre.

Comme nombre de personnes ce soir-là, nous quittâmes l’ambiance chaleureuse du Faces pour celle, plus électrique, d’un bar de nuit de la rue Maoming. Ton entrée fit sensation. Dans les regards féminins aimantés par ton allure, je lisais l’admiration et l’envie. Dans les regards masculins lourdement appuyés, je trouvais le reproche et la sévérité. Ces messieurs chinois n’approuvaient guère qu’un étranger jouisse de tes charmes. L’un deux s’enhardit et te fit offrir par le barman la réplique de la boisson que tu portais à tes lèvres. Tu le remercias d’une inclinaison gracieuse de la tête et pimentas le tout d’un baiser souriant déposé sur la joue de ton amoureux, lui signifiant ainsi le désintérêt qu’il t’inspirait.


Le tempo de la musique se coula dans tes membres et tu portas tes pas vers l’étroite piste de danse, nullement intimidée par toutes les paires d’yeux qui guettaient le moindre de tes gestes. Imperceptiblement, un vide se fit autour de toi. Un espace se créa, nécessaire au recul permettant d’embrasser du regard la totalité de ta personne. Tu dansais, sensuellement, pour toi et non pour les autres. Nul exhibitionnisme dans l’attitude de Scarlett, juste un plaisir communicatif qui emporta finalement la foule des danseurs. L’amant français rejoignit sa Fang Fei et la nuit s’étira jusqu’à l’aube. 


Un soleil tout neuf se leva ce jour-là sur les amours chattes d’une poupée chinoise et de son French Lover. 


Notes : 


Fei : 菲 : prononcé au 1er ton, ce caractère signifie parfumé, odoriférant (pour une fleur). Prononcé au 3ème ton, il a le sens d’humble, modeste.


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La Revue littéraire de Shanghai et d'Orient : ISSN 3074-9832   

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