Raiders, Rulers and Traders de David Chaffetz
- Tang Loaec
- 3 févr.
- 3 min de lecture
Considéré comme le meilleur livre de 2024 par la revue The Economist, Raiders, Rulers and Traders est une plongée formidable dans l’histoire de l’humanité sous un angle unique, celle du rôle du cheval auprès de l’homme dans ses guerres, ses règnes et ses commerces.
Les steppes Mongoles et d’Asie-Centrale tiennent une place prépondérante dans ce livre, mais il couvre toute l’Eurasie, la Chine, l’Inde, l’Iran Perse comme les Scythes voisins, plaines de Kiev et de Russie Centrale, jusqu’aux frontières de l’Europe, et j’en oublie bien sûr, sans ignorer totalement les continents américains et africains.
Il couvre une tranche d’histoire humaine allant chercher son premier chapitre loin dans les premiers âges des hommes, il y a 400 000 ans sur le continent américain, jusqu’au XXème siècle, dernière période au début de laquelle jouait encore un rôle prépondérant réel ou espéré dans les guerres entre les grandes puissances Européennes.
Ainsi le cheval passe au fil des siècles de proies chassées pour leur viande - au point de pratiquement disparaître du continent américain - à l’état de bêtes élevées pour leur lait, commençant un processus de domestication. L’élevage de plus en plus extensif des chevaux en pâturage libre, a imposé à son tour aux hommes d’apprendre à monter à cheval pour pouvoir contrôler leurs troupeaux équins.

Mais l’interaction homme-cheval et son rôle dans la conquête et la défense des empires croît et le transforme. Les chevaux, dont la taille et les caractéristiques se transforment au fil des sélections et des fins de leurs éleveurs, deviennent progressivement un élément essentiel des combats. C’est pendant un temps sous forme de force motrice des chars de combat qu’ils tirent pour les élites nobles de certains royaumes. Puis, est démontrée la suprématie des tribus nomades, dans lesquelles des populations entières savent monter et combattre à cheval, et amènent à l’effondrement de nombreux empires sédentaires.
Le cheval est devenu et est resté, pendant des siècles, l’arme suprême. A cette forme de combat, les steppes et les plaines de Mongolie en Asie-Centrale, l’environnement le plus propice à l’élevage et à l'entraînement des chevaux, ont permis aux huns, et à bien d’autres avant ou après eux, de dominer les combats.
Ni les terres chinoises plus arides et sur-cultivées, ni les forêts d’où les rois ou maharadja indiens tiraient leurs éléphants de guerre, ne permettaient le même élevage extensif de troupeaux de chevaux. Ainsi les rois Perses ou Indiens (et plus tard le Raj Anglais en Inde), tout comme les Empereur Chinois, demeurèrent dans un cercle de dépendance, ne pouvant jamais élever autant de chevaux qu’il leur fallait pour leurs armés, étant contraints de les acheter aux nomades des steppes à leur frontières en échange d’autres biens précieux, qui à leur tour permettaient aux tribus nomades de renforcer leur puissance, et plus tard de razzier ces empires.
Bien sûr, la conquête du plus grand empire au monde par Gengis Khan, n’aurait pu voir le jour sans le contexte de cette suprématie du cheval, tel que maîtrisé par les Mongols et toutes les autres tribus des steppes qu’il réunirent.
Mais le rôle du cheval au centre de la domination politique et militaire devait durer bien plus longtemps, au point qu’au 19ème siècle et au début du 20ème, Anglais au pouvoir en Inde et Russes alliés à la Chine, menaient encore ce qu’ils appelaient le grand jeu, diplomatique et commercial, l’un contre l’autre en Asie, afin de savoir qui réussirait à construire l’armée équestre la plus puissante.
La disparition de la suprématie des cavaliers dans les conflits militaires, face aux tanks, aux mitrailleuses, aux bombes, aux avions, dans le courant du 20ème siècle, fit qu’il est devenu en l’espace de moins d’un siècle, presqu’impossible de réaliser aujourd’hui, la part prépondérante qu’ont eu les chevaux dans la naissance et la fin des empires, pendant plusieurs millénaires.
David Chaffetz a écrit un livre indispensable pour nous le rappeler.
Raiders, Rulers and Traders, de David Chaffetz, a été publié en anglais en 2024 par W. W. Norton & Company, 441 pages. Il est aussi disponible sur Audible. Il a reçu les distinctions, par The Economist, d’être the Best Book of the Year et par le New York Times Book Review d’être choisi en tant que Editors' Choice. Nous n’avons pas connaissance de sa publication en langue française à ce jour et nous le recommandons vivement aux éditeurs francophones.
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